La voix des masques
L’Afrique, et plus particulièrement l’Afrique de l’Ouest, est la terre des masques, et si chaque peuple du monde en a creusé, nulle part il ne s’en rencontre un tel foisonnement, une telle diversité, diversité de formes, de matériaux, de style, de finalité.
Pour nous, par leur étrange beauté ou par leur insondable « laideur », ils constituent l’une des plus curieuses productions plastiques de l’humanité.
L’Europe a découvert les masques africains, surtout dans la période coloniale. Elle les a d’ailleurs abondamment exportés vers ses musées, ses galeries, ses collections privées, tout en les privant, le plus souvent, de la part de vie qui est la leur, en les dépouillant de leurs costumes, des rythmes qui les accompagnent, des mythes qui les entourent, et bien sûr de la ferveur dont ils sont l’objet sur le terrain.
Cette part de vie, nous voudrions la leur rendre ; modestement, car nous ne prétendons pas en approcher toutes les réalités, toute la complexité.
Quand nous le pouvons, nous voudrions les montrer dans leur intégralité et dans leur milieu ; dans le cas contraire, nous aimerions leur rendre du sens, car ils sont en Afrique, le reflet de la vie toute entière et dans toutes ses manifestations. Une vie sous-tendue par une conception mystique et unificatrice du monde.
Comment ces masques se présentent-ils à nous ? Que nous racontent-ils ? A quoi servent-ils ? Quel est leur destin et celui de ceux qui les portent ?
Doux, effrayants, violents, émouvants, étranges, raffinés, repoussants, mystérieux, bruts… ils déclinent et provoquent toute la gamme des émotions humaines.
Ils inspirent, ils attirent, ils terrorisent, ils répugnent, ils fascinent, ils séduisent, ils impressionnent, ils s’imposent…
Mais que nous disent donc les masques africains ?
Par quel chemin s’adressent-ils à notre inconscient, à notre instinct, jusqu’à nous « parler », alors qu’ils semblent si éloignés de notre culture ?
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