Libres propos  

Impressions de voyage (janvier 2013)

 

 

Le "Grand Bain"

 

Dès l’arrivée sur le continent africain, tu es pris à la gorge par cette chaleur humide. Premier choc thermique et respiratoire provoquant une légère angoisse.

Puis tu traverses la ville et la banlieue. Même de nuit tu aperçois toutes ces maisons de terre où le Rouge domine…toits de tôle rouillée, murs d’argile, routes de latérite.

Mais le grand choc, il vient surtout de la population, de sa densité : du monde partout, surtout des enfants, des jeunes. Ils portent des vêtements des plus hétérogènes : on peut voir des polaires à capuche, des bonnets de laine, des   uniformes scolaires kaki, des manteaux de fourrure…et des enfants nus ; ceci par une température de 28° ou plus. Ici rien ne choque. Tout est admis dans l’habillement !

Ce qui me fera flasher vraiment, c’est la tenue des femmes, leur allure majestueuse, leur élégance en boubous aux teintes flamboyantes, leur port de tête sous les fardeaux miraculeusement stables. Images que je ne pourrai oublier.

Et, tout au long du voyage, ce sera le rôle et l’attitude des femmes qui me fascineront. Sans leur travail acharné que serait le Bénin ? Ce sont elles qui tissent la toile du quotidien malgré leur manque de moyens.

Un bébé, un enfant en bas âge n’est jamais un obstacle à leur travail.  Qu’elles portent des fagots de bois, qu’elles s’activent pour attiser l’immense four des poteries, qu’elles nous servent à table, ou encore qu’elles dansent de façon effrénée dans les cérémonies Vaudoues, leur enfant ne les quitte pas, tenu dans le dos, souriant, pleurant, dormant …Ces enfants ballottés, chahutés, protégés semblent faire partie d’elles. On dirait un même corps en mouvement.

C’est une des impressions les plus fortes que je garderai de ce voyage dans le pays.

Autre flash : les visites au Centre de Nutrition infantile. C’est un lieu hors du commun, comme une parenthèse dans la vie africaine, car, pour une fois, les femmes sont prises en charge…par d’autres femmes. Elles semblent en repos, soulagées. Elles n’ont plus qu’un souci : le bien-être de leur(s) enfant(s). C’est à cause des difficultés du (ou des ) bébé(s) qu’elles sont là. Elles peuvent être mères, grands-mères, s’occuper d’un ou deux ou trois enfants – les naissances multiples sont plus fréquentes qu’en Europe – et elles peuvent aussi avoir recours à une grande sœur de 7 ans qui abandonne l’école pour aider sa mère. Il faut voir l’aisance, la dextérité de la fillette qui ne se plaint de rien, mais semble ravie de regarder sa photo dans nos appareils. De son propre avenir, personne n’a l’air de se soucier. Car ici, nécessité fait loi.

Mon admiration va aussi aux deux femmes qui «font tourner le Centre» et en ont la responsabilité…presque bénévolement. A elles de s’inquiéter pour la santé des enfants, à elles de gérer le manque criant de moyens financiers (cf. mon étonnement à la vue des locaux d’une pauvreté comparable à celle de leurs maisons). Heureusement, elles peuvent compter sur l’aide du médecin, très disponible, efficace et professionnel. Elles nous signifient aussi combien l’Association leur est précieuse. Pour preuve, leur sourire  et l’amitié qu’elles nous témoignent à notre arrivée !

Autre flash… dans un village Peul, semi-nomade du Nord du pays, on ne voit que les femmes et les enfants : les hommes sont partis vers des terrains plus adaptés au bétail.

Quelques très jeunes filles restent et travaillent au sein de la famille. On leur donnerait seize ans et pourtant elles ont déjà un enfant sur le dos. Telle ou telle aurait bien aimé (d’après notre guide) continuer ses études, mais son père en a décidé autrement. Il accepte l’école pour ses garçons mais la fille doit suivre «la voie traditionnelle des femmes» comme sa mère et sa grand-mère. Cette ethnie ne fréquente guère les autres, les mariages doivent se faire «entre Peuls». Et pourtant nous n’avons pas à faire à des sauvages. Ces gens savent vous accueillir avec gentillesse et sourire. En échange nous leur apportons quelques vêtements, et surtout la magie des photos : sur papier, ils peuvent admirer leur tête d’il y a deux ans, et celle d’aujourd’hui par le miracle du numérique. Grands éclats de rire quand ils se reconnaissent !

Quel monde inconnu pour moi ! Je le compare un peu au monde des villages de montagne perdus au fond du Népal. Population également démunie et cependant si accueillante, si joyeuse !  à croire que la courtoisie et la gaieté sont le propre des populations pauvres ?

Sortie du «Grand bain», et rentrée chez moi, je sens tout le poids de ces leçons de vie entrevues dans les villages du Bénin. Notre but n’est-il pas de leur apporter un peu plus de confort et de bien-être ?

Pourvus de ces biens matériels que nous possédons dans notre riche Occident, avons-nous réussi à sauvegarder les valeurs de solidarité, d’ouverture aux autres, d’accueil, que nous avons admirées au Bénin ?

Au regard de ce que nous sommes devenus en Europe, je ne peux m’empêcher de me poser la question : «Confort et bien-être» n’engendrent-t-il pas l’individualisme et l’indifférence ?  Est-ce que nous désirons les voir changer de mentalité, les voir cultiver le «chacun pour soi» ?  Mais, leur misère est trop criante. Il n’est pas possible de ne rien faire.

Comment améliorer leur sort matériel, préserver leurs qualités de solidarité et souhaitons le, réduire la corruption dont souffre le pays ?

…. Tout cela n’est qu’une impression après un premier voyage. Je n’ai pas la prétention de connaître réellement le pays. Je peux seulement dire que j’y ai vécu, grâce à la présence des autres compagnons de route, une expérience qui doit être approfondie. Et je remercie profondément les organisateurs de m’en avoir donné l’occasion.

Annie.

 

 

Un pays à vivre et non à visiter

 

Rien de spectaculaire dans les paysages ; pas de baignade en la mer ou dans les piscines des hôtels, peu d’architecture… (hormis les tatas que nous avons beaucoup aimés), peu d’histoire (hormis les esclaves ; ce qui n’est pas rien !) le parc de la Pendjari (très sympa mais qui n’est pas à classer parmi les grands parcs d’Afrique) ; Bref ! Si ! des savoir-faire ancestraux étonnants comme les potières de Sè qui tournent autour du pot, les bronziers et un artisanat florissant.

 

S’imprégner de la façon dont vivent ses habitants justifie d’un voyage au Benin.

Par chance le peu de touristes n’a pas encore pollué la population.

Peuple pacifique, accueillant, gai (tout semble prétexte à jouer du tam-tam et à danser) engoncé sous une chape de croyances et de coutumes diverses et multiples :

-Le vaudou pour 100% d’entre eux

-Une religion ou une secte : catholiques, protestants, musulmans, témoins de Jéhovah , saints du dernier jour, illuminés de Dieu (je n’ai rien trouvé de mieux mais j’en passe), …

-Les rois avec leurs kyrielles de princesses…

-La coutume du village avec ses sages, ses féticheurs, le statut social de chacun…

-Et très certainement un gouvernement démocratique qui édicte sans doute des lois…???

Question : quelle évolution possible et à quel rythme ?

 

Une chose encourageante : l’éducation. Les écoles sont bien tenues et les enseignants semblent avoir à cœur de combattre l’ignorance.

 

Le statut des femmes et des fillettes pourraient faire l’objet d’une réflexion.

Nous n’avons pas vu de grande misère ni de mendicité (nous n’avons pas visité Cotonou).

 

Etonnant le nombre d’ONG de plusieurs pays : Canada, Belgique, Allemagne, France, Italie, Japon…Politique du don qui encourage celle de la main tendue ???…ou bienfait réel comme le creusement des puits, la construction de toilettes, l’aide réelle aux personnes dans le besoin comme le centre de nutrition. (même si on se demande ce que deviendront cette kyrielle d’enfants que nous avons pu croiser ; venir en aide à quelques un n’est pas à négliger.).

Par contre, nous n’avons pas compris pourquoi une association humanitaire gérait et finançait une propriété privée ou familiale telle que l’hôtel Ahémé.

Une expérience intéressante est le centre de Shongaï (évidemment cela ressemble fort à la conception que nous avons des choses ; mais il semblerait que nous nous acheminions tous vers une uniformité de fonctionnement ; les médias ne laissant pas insensibles les populations qui aimeraient bien vivre comme nous avec des moteurs à leurs bateaux….la TV, l’eau à la maison…..)

 

Même si nos réflexions sont quelque peu réservées, nous avons bien aimé cette expérience vécue parmi un peuple attachant, festif, évolué (je précise car ce qui est dit à propos des croyances pourrait laisser croire que nous pensons le contraire).

Enfin un grand merci à Michèle et à Francis pour nous avoir permis de découvrir cette culture intéressante en un voyage agréable de par son contenu et la bonne humeur du groupe.

 

Luce et Jean-Michel.

 

 

Mon voyage au Bénin

 

Je suis partie au Bénin suite à une conversation avec Anne-Marie Simon, elle m'avait parlé de la façon dont le bégaiement était traité par les animistes en cette terre d'Afrique. Elle souhaitait approfondir sa démarche au cours d'un voyage. Comme elle m'a vue intéressée, elle m'a proposée de venir.

Je n'avais que quelques jours pour me décider car le billet de groupe allait être pris... et je me suis lancée dans ce séjour sans en savoir du tout le contenu.

 

Et quel bon vent m'a poussée ce jour-là !

 

En cette aventure j'ai essentiellement été « touchée » par les rencontres :

- dans les villages,

- au Centre de nutrition, en partageant la douleur d'une grand-mère portant son petit-fils et dont la fille venait de mourir suite à un accouchement difficile.

- avec Mustapha qui m'a raconté sa technique de pêche avec des bouteilles percées dans lesquelles il plaçait un appât.

- avec Raymond qui me demandait comment était la neige ?

- en portant un bébé dans les bras … et dans le dos.

- en dansant avec les femmes aux « tam-tam »

- en m'intéressant à la culture Vaudou, ses rites, ses cérémonies …

- en pénétrant à l'hôpital et ce n'est pas la carte vitale !

- je ne me suis pas lassée de regarder, d'observer les femmes dans leurs boubous colorés, marchant le long des routes, portant l'eau ou le bois … avec leurs bébés dans le dos.

- dans le parc de la Pendjari, j'ai beaucoup aimé être à l'affût et voir surgir les éléphants, la lionne, le chacal, les babouins, le merle métallique etc...

- et le travail du fer, du bois, les potières !!! les tissus ...

- me plonger dans l'histoire du Bénin, son organisation politique, la présence des rois, des sages, le lourd passé de l'esclavage, ses frontières, ses ressources …

- la relation établie entre Sébastien, Justin et l'association Yovo-Méwi est tissée de tant d'attentions et de subtilités qu'elle dépasse largement l'organisation strictement professionnelle d'un tel voyage !

 

En trois semaines, je n'ai pas eu le moindre moment de lassitude tant j'ai vécu intensément chaque instant.

Ce séjour au Bénin est profondément gravé en moi.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont Michèle et Francis, chacun à leur façon, entraient en contact avec les personnes. Ils osent la relation avec grand respect.

 

Ces liens entre hommes et femmes de continents, cultures et façons de vivre si différentes furent pour moi des moments empreints de profonde humanité et de bonheur.

 

Edith.

 

 

Couleurs et chaleur au Bénin

 

Rouge, vert et noir sont les couleurs du Bénin.

Rouge, la terre soulevée par l’harmatan qui se pose sur les corps, dans les cheveux, sur les vêtements.

Rouge, le soleil levant et le soleil couchant sur le lac Ahémé ou sur l’océan.

Rouges, les pots fabriqués par les potières de Sè.

Verts, les palmiers, les amarantes, le maïs, les calebasses.

Noirs enfin les terres noires cultivées, les pots de Sè après la première cuisson.

Noirs les méwis.

Couleurs vives et variées des masques, des tissus, de la fête vaudoue

 

Chaleur humide du climat du Sud, jours et nuits.

Chaleur humaine des échanges avec les hommes, les femmes et les enfants du Bénin : coiffeuse, vendeuse sur les marchés, instituteur, mère aux bébés dans le dos, mère au travail…

Chaleur des écoliers souhaitant bonne arrivée au son « des enfants du Bénin debout »,

Ou au son de frère Jacques «  à l’école (bis), on travaille(bis), jamais la paresse(bis), travaillons (bis).

Chaleur encore des fabricants de tam-tam, du sculpteur à la cire fondue, du tisserand.

Chaleur aussi des échanges avec nos guides dévoués et avec les yovos auvergnats ou non.

Le Bénin, on ne le quitte pas, on l’emporte avec soi.

 

Claudie

 

 

Quel "ressenti" entre le Bénin visité il y a 6 ans et celui que nous venons de voir ?. Il est difficile par écrit d'exprimer notre perception ; notre esprit cartésien nous rend critiques sur nombre de points.

Par exemple dans les choix qui sont faits, excessifs l'un par rapport à l'autre, entre un centre de nutrition aux soutiens locaux apparemment bien modestes et ce ponton élevé sur pieus battus et recépés d'un coût de mise en oeuvre très élevé. En avons-nous le droit ?

Constat:

- Le centre de nutrition pas plus que l'école ne se sont, semble-t'il, pas améliorés et la responsable nous a semblé bien désabusée.

- La ferme n'a pas progressé loin s'en faut.

- Le médecin a expliqué qu'il n'avait pas d'argent pour acheter les médicaments.

 

Conclusions : restons positifs.

La crise mondiale frappe plus durement que nous ces pays. Aidons un peu plus que nous ne le faisions antérieurement.

 

Colette et Daniel

 

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