Les arts de la matière
L'art béninois a acquis, depuis longtemps, ses lettres de noblesse, tout comme d'ailleurs, l'art africain en général. L’histoire culturelle du Bénin est riche. Pendant plus d’un siècle l’art populaire a attiré l’attention internationale sur le royaume légendaire du Danhomey. Traditionnellement l’art avait un rôle à la fois fonctionnel et spirituel. Il chantait l'héroïsme des rois et des armées, clamait la légende des souverains, créait des objets dignes de lui. L'artiste était en quelque sorte l'historien de cette époque où tout était oralité et l'inventeur d'un art de vivre. En effet la notion européenne de "l'art pour l'art" n'existait pas en Afrique sinon de manière exceptionnelle. Cela n'a pas empêché la beauté de s'épanouir ! L'artiste africain répondait toujours à une demande. Il travaillait pour le souverain, pour le devin, pour les membres d'une société secrète... Son rôle : assurer la cohésion sociale, valider les hiérarchies, viser le respect des lois coutumières, l'obéissance aux dieux et la répression des comportements répréhensibles.
Le "beau" était aussi "le bon", ce qui est conforme, moral, utile et adapté, normé en fait.
Cet art se développait surtout dans : |

Masque Gelede (bois) |
- La sculpture souvent à but religieux : faire revivre les mythes fondateurs, honorer et rappeler les anciens, tenter d'amadouer les cieux… mais aussi pour chanter les louanges des souverains, en glorifier les faits d'armes. Statues et masques en sont les principaux ornements. Bois, terres cuites, ivoire, sont les matériaux utilisés. |

Masque en ivoire |
- Le travail des métaux : les statuettes les plus connues sont celles en cuivre d'Abomey. Elles sont exécutées par la technique dite à "cire perdue". Le modèle est fait en cire, il est ensuite entouré d'un moule d'argile dans lequel une ouverture est laissée. Quand l'argile est sèche, on fait fondre la cire et l'argile sert de moule. On travaille ainsi le cuivre, le laiton, le bronze, …
Photos ci-dessus extraites du très beau livre de Laure Meyer : Afrique Noire |
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Autre technique utilisée : le fer forgé |
Nombreux sont les artistes nationaux qui marquent notre époque. Ils montrent une forte personnalité et connaissent à juste titre un très grand succès.
Citons entre autres des peintres : |
Joseph Kpobly : il a fait les Beaux-Arts de Paris puis s'est installé à Cotonou. Il créait à la fois des décors pour le plaisir des cinéphiles africains et des tableaux extrêmement originaux. Il est le président de l'Association des Artistes Peintres du Bénin.
Kouass : qui s'appuie sur l'héritage du passé pour aller au delà.
Darius Quentum, peintre plasticien, Aston et son rapport viscéral à l'objet qu'il maltraite et triture pour crier sa révolte et encore ici Charly d'Almeida qui sait si bien nous entraîner dans ses voyages qu'ils soient voyages tout court ou voyages intérieurs… |
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Et des sculpteurs :
Les frères Dakpogan : issus de la famille des forgerons du royaume de Hogbonou, les frères Dakpogan, tout en perpétuant leur tradition, sculptent aujourd'hui de belles oeuvres. Avec de la ferraille de récupération, ils réussissent à modeler de véritables personnages de la société.
Romuald Hazoumé : jeune artiste béninois, Romuald Hazoumé est connu sur le plan international. Sculpteur et peintre, il œuvre à partir de matériaux de récupération auxquels il associe des pigments et des objets.
Cyprien Tokoudagba : originaire d'Abomey, Cyprien Tokoudagba est le chantre de la civilisation du royaume de Danhomé. Il réalise des œuvres monumentales en ciment, en pierre. Il est le signataire des sculptures qui longent la route des esclaves à Ouiddah.
Francis Tchiakpé dit Tchiff : digne fils de Ouiddah, Francis n'aime pas l'art à la manière des autres ! Il a sa façon à lui de traiter ses émotions. Difficile de se frayer un chemin dans les dédales de son inspiration. Sa dernière exposition au Centre Culturel Français de Cotonou portait sur des carcasses de voitures.
Et tant d'autres encore. |
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